« OF- [...] S'il vous plaît, Imam, j'ai encore bien des choses à vous demander. De ce « chador » par exemple, qu'on m'a imposé pour venir vous voir et que vous imposez aux femmes, dites-moi : pourquoi obligez-vous les femmes à se cacher comme des ballots dans un vêtement inconfortable et absurde, à cause duquel on ne peut ni travailler ni rien faire ? Pourtant même ici les femmes ont démontré être à la hauteur des hommes, comme les hommes elles se sont battues, elles ont été emprisonnées, torturées, elles ont fait la Révolution comme les hommes.
AK- Les femmes qui ont fait la Révolution n'étaient que des femmes qui portaient le vêtement islamique, pas des femmes élégantes et maquillées comme vous, qui se promènent en décolleté en attirant une cohorte d'admirateurs. Les coquettes qui se maquillent et sortent de chez elles en montrant le cou, les cheveux, leurs formes, n'ont pas combattu le Shah. Celles-là n'ont jamais rien fait de bon, elle ne savent jamais se rendre utiles[...]
OF- Ce n'est pas vrai, Imam, mais de toute façon, je ne fais pas référence qu'au vêtement, mais à ce qu'il représente, c'est-à-dire la ségrégation dans laquelle les femmes ont été forcées après la révolution. Le fait même qu'elles ne puissent pas étudier à l'université avec les hommes, par exemple, ni travailler avec les hommes, ni se baigner à la piscine avec les hommes. Elles doivent plonger avec leur « chador », comment peut-on nager avec le « chador » ?
AK- Cela ne vous regarde pas, nos coutumes ne vous regardent pas. Si vous n'aimez pas le vêtement islamique, vous n'êtes pas obligée de le mettre, car le vêtement islamique est pour les jeunes filles et les femmes bien.
OF- C'est très gentil, Imam, je vais donc me débarrasser tout de suite de ce stupide chiffon moyenâgeux. Voilà »
— Oriana Fallaci, intervista a Khomeini, « Corriere della Sera », 26 septembre 1979[6]